Christophe Genin
La poïétique est une discipline récente puisque le premier colloque international de Poïétique se tint en 1989, même si dès 1937 Valéry légitimait par le terme de « poïétique » l'étude des conditions de la génération d'une œuvre d'art.
Elle est une science de l'homme qui se propose, selon René Passeron, d'examiner la relation entre l'homme et l'œuvre pendant l'élaboration de celleci. Elle n'étudie donc pas un fait, mais une action pendant le temps de son exécution. Elle porte moins, à proprement parler, sur la création que sur les conditions qui lui sont favorables: de la psychologie de l'auteur à la nature des matériaux utilisés, en tenant compte des hasards ou des déterminations qui interviennent dans la dynamique instauratrice. Elle est en ce sens la conscience réflexive de l'instauration d'une œuvre, et s'interroge sur les concepts d'intention, de faire, de finalité, d'achèvement. Philosophie des conduites créatrices, la poïétique englobe le champ de tous les arts, et s'étend même à des procédures d'innovations paraartistiques comme la restauration d'œuvres, l'aménagement du paysage, le management de la création en entreprise, ou la traduction. Elle peut être appliquée par un théoricien ou un praticien, sur une œuvre extérieure ou sur une oeuvre personnelle, auquel cas on parlera d'autopoïétique. Sur ce dernier point les écrits d'artistes sont souvent très instructifs. Vu la nouveauté de la discipline, et excepté la figure tutélaire de Valéry, on ne s'étonnera pas de ne voir mentionnés ici que des auteurs contemporains, faisant de la poïétique le centre de leur œuvre plastique et/ou théorique, tels Rachida BoubakerTriki, Richard Conte, Thierry Lenain, Edmond Nogacki, René Passeron, Victor Stoichita, Akira Tamba.
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