Le vieil homme assis, 26 septembre 1970-14 novembre 1971 (Mougins),
Paris, Musée Picasso.
Huile sur toile.

« Sans Titre » : Une expérience interactive

analyse par Françoise Julien-Casanova

Étude et Enquête « initiales »


Voici la reproduction d’un tableau. Quel titre donnez-vous à cette œuvre ?

Titre : ……………
Sexe : M F
Âge : ……………………
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Titres utilisateurs en ligne

Le titre officiel sera livré ultérieurement. Son évacuation momentanée permet de poser plusieurs questions.

Qu’est ce qu’un titre ? Quelles sont ses fonctions sémiotiques ? Selon quelles stratégies intitule-t-on les oeuvres ? Ne s’agit-il que d’un usage social ? Que se passe-t-il en l’absence d’un titre ?

Vous pouvez comparer votre réponse à d’autres, données dans des conditions identiques, c’est-à-dire sans informations préalables sur l’œuvre elle-même, sur son auteur ou son contexte de production.

Titres Enquête Initiale

L’homme au chapeau (9 fois) ; L’homme assis ; L’homme au fauteuil ; L’homme à l’écharpe bleue ; Vieil homme cubiste ; Paysan assis ; Vieillard assis ; L’homme en tenue de mexicain ; Le mexicain ; El sombrero ; Chef de gare mexicain ; El pendejo (le mauvais homme) ; Le mutilé ; Le boiteux ; L’homme cassé ; L’éclopé ; Le moignon ; Le nombril ; Le pêcheur ; Une femme à la pêche ; Bretonne russe ; Bonhomme coloré ; L’homme serein ; Le vieil homme et la mer ; Le nain ; Le torero ; L’anti-sexe ; Le berger dans sa vallée ; Soldat en vacances ; La chambre à gaz ; Le cow-boy ; Le juif ; L’arlequin ; L’ogre ; Le pirate ; Sueur froide ; Cent ans de solitude ; Napoléon ; Le bourgeois gentilhomme ; Béatitude ; Prisme ; …

Commentaire

Le titrage d’une œuvre est une pratique courante, usuelle, référencée dans la culture occidentale. À l’instar d’un nom de personne, le titre permet d’identifier l’objet, de le nommer, de le singulariser ; et partant de le répertorier, de le classer, de le repérer à l’intérieur d’ensembles plus vastes. Mais le titre vise aussi à faire apparaître le sens dont on dote l’objet, dont celui-ci est chargé, ou qu’on lui prête. Le titre est un interprétant textuel, un signe verbal qui vise à rendre compte des caractéristiques saillantes de l’œuvre, ou de ses traits pertinents. Il a donc une vocation synthétique, thématique et motivante. Le titre, outre sa dimension pratique, a pour fonction d’engager le spectateur dans un certain rapport avec l’œuvre désignée. Il infléchit sa perception, le guide dans son appréhension et interfère sur son interprétation de l’image, dont il jugulent les sens toujours « proliférants » (expression de Roland Barthes). Le titre, en fonction de ses définitions, « provoque » donc certains effets : la perception d’une même image varie selon les arguments explicites ou implicites fournis par le contexte verbal. Il est donc intéressant, et fécond, de mettre au jour les rapports que le spectateur entretient avec l’œuvre à travers son titre. Mais aussi à travers ces autres informations collatérales que sont les commentaires textuels et iconiques. Ce qui est le but de l’étude suivante (dite « Étude 2 »).

Étude et Enquête « conjointes ». Introduction à l’étude : analyse et méthode

L’étude dite « conjointe » a été réalisée en trois temps. Deux commentaires du tableau ont d’abord été rédigés, qui correspondent à deux points de vue, à deux parcours interprétatifs différents, construits pourtant à partir des mêmes signes picturaux. Les deux discours sont cohérents au niveau des fondements aspectuels des signes, ce sont les interprétants et les mises en relation qui varient de l’un à l’autre. Un questionnaire administré auprès de 17 étudiants (Enquête « conjointe ») a permis de rendre compte de l’impact de ces deux textes (appelés A et B). L’analyse présentée enregistre ces nouveaux apports. Réseaux associatif verbal et iconique, et relations associant-associé sont ainsi mis en évidence.

Informations complémentaires Profils des répondants

Le titre donné au tableau par le Musée Picasso est : « Le vieil homme assis ». ( 26 septembre 1970-14 novembre 1971 (Mougins). Paris, Musée Picasso. Huile sur toile, 145,5 x 114 cm).

Introduction commune aux textes A et B

Picasso est âgé de plus de 90 ans lorsqu’il achève ce portrait d’un « vieil homme assis ». On s’accorde à voir dans cette œuvre un autoportrait du peintre, presque deux ans avant sa mort. Deux questions s’imposent alors. L’une concerne le problématique autoportrait, l’autre l’interprétation induite par le titre. En effet, sans l’apport de ce dernier, voit-on, dans cette représentation, le vieil homme dont il est question ? Si le personnage peint n’est pas jeune, son grand âge ne s’impose pas. Il n’affiche pas les stéréotypes de la vieillesse, rides, maigreur, faiblesse ; et les couleurs qui le qualifient ne coïncident pas avec les teintes sombres qu’en général, on associe à l’idée de fin de vie.

Texte A

Dans ce tableau, le très vieux peintre semble se souvenir avec nostalgie de l’enfant prodige qu’il fut. La facture de l’œuvre, avec ses dégoulinades et empâtements, pose la question du retour à « l’enfance de l’art », ou du retour « en arrière » : autrement dit, d’une régression. Il lui a fallu toute sa vie pour apprendre à dessiner comme les enfants, dit-il. Toute une vie, ici, en un ultime résumé. Il a lutté et appris, pourtant l’oubli menace.

Le vieil homme est assis, face au spectateur, des barbouillages chargés composent son faciès. Du fond de leurs orbites, ses yeux semblent fixer obstinément le spectateur, en une muette interrogation, sourdement inquiète. La mort guette.

« À gauche, une proéminence s’avance telle la main tendue du mendiant ou le membre estropié d’un manchot. Ce motif pourrait invoquer la douloureuse agonie du vieux Renoir, paralysé des mains. Le personnage semble hanté par la perte de ses capacités physiques, qui dit le tragique de la vieillesse, inexorable.

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Le portrait d’un personnage assis est un thème classique de la peinture. Mais le personnage de Picasso va à l’encontre des stéréotypes du genre qui consiste à magnifier la personne représentée. Le costume vert-bleu défie les convenances sociales, dévoilant une panse trop lourde.

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Le chapeau vacille et coule sur le visage. Âpre confrontation : le vieil homme lutte avec le déclin, inévitable. Il se bat dans une liberté qu’il faut gagner sur un présent qui fuit. Les couleurs et le dessin, enfreignant le métier, le prouvent. Le vieil homme continue à inventer : « il faut savoir peindre avec des gros mots », « chaque jour je fais pire » affirmait-il.

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Texte B

« L’œuvre frappe par son insolente liberté. Les barbouillages et les coulures ont une spontanéité déroutante car ils rappellent la facture « négligée » des peintures d’enfants. L’homme, campé de face, calé sur son fauteuil, fixe le spectateur. Deux indécidables profils habitent un visage mouvant, cerné par une barbe en frisottis qui accroît la proportion de la figure par rapport au torse. Une plage bleue incongrue souligne le menton et descend jusqu’à la main gauche, curieuse excroissance projetée vers le spectateur.

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Du même coup, l’épaule et le bras gauches sont gommés, remplacés soit par le dossier du fauteuil, soit par la traînée de bleue qui aboutit à la main. Main, pouce, phallus, garde d’épée, ou moignon – on ne sait – ce membre défie toute vraisemblance. Il semble guider la plage bleue qui, vibrante, à l’instar d’un violon est tendue en direction du spectateur, à qui elle tire littéralement la langue et fait ainsi « la nique ». À cet endroit, toute identification est forcément mise en échec ».

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« Le déguisement dont le bonhomme est affublé, gilet de torero, cuissardes et couvre-chef ondulant, confirmerait l’hypothèse de l’ironie ludique. Ils manifestent la volonté qu’a Picasso de déjouer les règles du « picturalement correct ».

Le peintre âgé offre un portrait de vieil homme « sacrément culotté ». L’artiste, plein de verve, de fougue et de vitalité, qui peut tout se permettre, n’est pas prêt de rendre les armes. Un vieil homme n’est pas une ruine, il est un homme. Picasso disait avoir mis « toute sa vie à apprendre à dessiner comme un enfant », et il rajoutait, « tu ne peux jamais mettre le mot FIN », « tout est toujours à < recommencer ».

Aide : Texte A Texte B

Suite de l’étude

Que montrent respectivement les textes A et B ?

Votre réponse
………………

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Enquête « conjointe »

Les textes A et B disent-ils la même chose ou disent-ils le contraire ?

Voici l’avis des répondants de l’enquête « 2 » :

*Les textes A et B disent-ils la même chose ? Sur 17 réponses, 15 « non » (88%) et 2 « oui » (12%).
* Les textes A et B disent-ils le contraire ? Sur 17 réponses, 16 « non » (94%)et 1 seul « oui » (6%).

– « Ces sont deux approches sont différentes. Le texte A est engagé dans un discours personnel mais part de l’image objective. Le second a le même départ, mais dépasse ce type de discours pour entrer dans une certaine objectivité » (Béa) ;
– « En fait le texte A affirme dès le départ qu’il s’agit de l’autoportrait de Picasso et de là interprète l’œuvre comme le regard de l’artiste sur sa vieillesse et sa mort proche. Alors que B en doute et l’interprète comme un jeu de Picasso » (Clara) ;
– « Il est toujours question de montrer la résistance du peintre à la vieillesse mais le texte A s’appuie sur une interprétation tragique du personnage peint alors que le texte B table sur le fait que l’artiste tourne en dérision la vieillesse » (Julie) ;
– « C’est une nuance, les deux parlent d’un vieil homme, l’un insiste sur la vieillesse, l’autre sur l’homme » (Lise)
– « Les deux ont raison de leurs points de vue pourtant différents » (Alain) ;
– « Les éléments d’analyse se recoupent » (Charles) ;
– « Les deux interprétations sont des visions de la vieillesse » (Fred) ;
– « Le texte A donne un point de vue personnel. Le texte B cherche à être objectif et ouvre des pistes, des questions » (Guy) ;
– « Les deux textes s’accordent à dire qu’il s’agit d’un autoportrait au style enfantin enfin atteint » (Jean) ;
– « Les textes commentent un détail différent » (Luc) ;
– « Chacun de ces deux textes donne une interprétation possible, ce qui ne signifie pas qu‘ils soient contradictoires » (Nico) ;
– « Ces deux conclusions tendent vers une célébration de l’artiste, libre, qui poursuit son œuvre même à la fin de sa vie » (Paul) ;
– « Les textes semblent ne pas porter leurs attentions sur les même points, le texte A sur l’artiste et le texte B sur son dessin, sa facture » (Yann).

Après exploration des documents, quelle est maintenant votre orientation dans l’interprétation du tableau ?

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Votre orientation…………………………….

Enquête « conjointe »

En ouverture, vous avez donné un titre au tableau. Puis vous avez lu les textes A et B, et les réponses fournies par les enquêtés ; et avez vu les illustrations et des détails de l’oeuvre. Quel titre lui donneriez-vous maintenant ?
Vous pouvez écrire ici votre nouvel intitulé et/ou consulter la liste des répondants qui ont modifié leur point de vue. Écrivez « idem » si vous maintenez votre titre initial.

Votre ancien titre : …………………………….
Nouveau titre : sans titre…………………………..

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Titres utilisateurs.

Commentaire.

C’est après avoir lu les textes A et B que les participants à l’enquête « conjointe » ont été conviés à intituler l’œuvre. Contrairement à la liste de l’enquête « initiale », la liste « conjointe » fait apparaître un axe sémantique majeur, la vieillesse. Cinq allusions y sont directement faites (soit 30% de l’échantillon) ; d’autres sous-axes le complètent : la temporalité soulignée par deux fois ; l’âge, ses cycles ou ses mondes, à trois reprises nommés.
Enfin parmi les identités singulières ou types génériques sont convoqués : marin, mousquetaire, torero, peintre (thèmes récurrents dans l’œuvre de Picasso). On remarque encore des définitions par la posture du personnage ; et d’autres par l’ambiance suggérée, fin de journéeou exposition « au soleil » ; deux autres en appellent au regard sur soi. Des adjectifs tels que drôle, transfiguré, ivre, audacieux, précisent les sens retenus.
Il n’y a pas de consensus unitaire quant aux significations du tableau, néanmoins la vision de la vieillesse réverbérée par le champ lexical utilisé est plutôt valorisante, les autres qualificatifs mettent en relief la polysémie du tableau.

Étude et Enquête « initiales »


31 personnes ayant participé à l’enquête « initiale » (phase « d’entrée ») ont suivi le même parcours que celui des consultants en ligne. 22 personnes ont, dans les mêmes conditions, modifié leur titre initial (71%), 9 l’ont gardé (29%) (L’ancienne réponse est donnée entre parenthèse, voir technique).

A. Nouveaux titres

Vieil homme assis

(Homme assis) ;
Vieil homme au chapeau (Homme au chapeau) ;
L’esprit libre je regarde la mort tranquille (Bretonne russe) ;
L’allégorie de la vieillesse (Homme au chapeau) ;
Homme assis (Le mexicain) ;
Homme assis (Prisme) ;
Le vieil homme et l’enfant (Le vieil homme et la mer) ;
Dans les braises de la vieillesse (Le pêcheur) ;
Prime vieillesse(Napoléon) ;
Arlequin déguisé en vieillard (Homme assis) ;
Mille ans de solitude (Cent ans de solitude) ;
Portrait d’enfant (La main coupée) ;
Un homme face à sa vie (Homme assis au chapeau) ;
L’homme qui déjoue la mort (El mejicano) ;
L’homme cassé (Le nain ) ;
Le vieux manchot (La chambre à gaz) ;
Un homme face à son destin (Vieil homme assis) ;
Le vieil homme mutilé (Sueur froide) ;
Le jeune vieillard (Le pirate) ;
Il viejo mancho (Soldat en vacances).

Commentaire :

La vieillesse est convoquée à 55% (12 fois) alors que elle ne l’était qu’à 9% (2 fois) dans les anciens titres du même échantillon (9%), et à 30% dans l’enquête « conjointe ». Dans cette dernière, les répondants n’ont pas été invités à donner un titre initial : ils n’ont pas eu à mémoriser et à fixer d’entrée de jeu les significations ou le sens suggérés par l’image. Du fait, ils n’ont pu baliser l’écart creusé entre leurs interprétations avant et après l’apport des informations collatérales : les circonstances de l’enquête déterminent ainsi pour part les réponses. Dans l’enquête « conjointe », les processus d’interprétance et les rétroactions ont fonctionné sur des modes moins contrastées, les procédures de repérages n’étant pas systématisées. Par ailleurs, on note qu’également dans le panel ci-dessus la vision de la vieillesse est plutôt valorisante.
On relève que le vocable homme figure 10 fois (45%) contre 7 fois (39%) dans l’ancienne liste : cette nomination reste donc stable, elle souligne la dimension archétypale du personnage représenté.
Des sous-axes apparaissent, ignorés auparavant dans le même échantillon : l’enfance et la jeunesse, la vie, la mort, l’âge (présents dans l’enquête « conjointe »). D’autres sous-axes disparaissent (Napoléon, Le pirate etc.).
Les informations collatérales ont donc introduit des relectures et une réorganisation des constituants de l’image qu’elles ont quantitativement et qualitativement infléchies, enrôlées dans le sens indiqué par le titre officiel de l’œuvre, mais convoquant corollairement de nouveaux interprétants, produisant des inférences et des associations nouvelles (mutation).

Titres conservés.

On été conservés : L’Arlequin, l’Anti-sexe, L’ogre, Le moignon, L’homme serein, Vieillard assis, Homme assis, L’homme au chapeau et au fauteuil, L’homme au chapeau.
Commentaire : Les informations collatérales ont légitimé le titre initial dont le bien-fondé se trouve conforté.

L’Arlequin
« Même après les interprétations différentes, je trouve que ce titre est toujours valable. Les couleurs saturées, le déguisement, l’aspect enfantin, grossier, correspondent bien au carnaval ou au bal masqué. Le chapeau étrange, le maquillage à outrance, tout ceci contribue à donner un aspect ridicule, presque caricatural ; celui d’un personnage un peu fou et qui s’amuse ».

L’ogre
« Je garde le même titre qui fait référence aux contes enfantins et à leur iconographie particulière qui me semble en partie reprise ici par Picasso ».

L’homme serein
« Ce tableau nous renvoie l’image d’un vieil homme qui a fait son temps et qui paraît heureux et satisfait de ce qu’il a accompli. Les couleurs, la chaleur et l’attitude du vieil homme sont une provocation pour dire « Je suis encore là ! » ».

Vieillard assis
« Je considère mon titre comme adapté. De nombreux éléments me l’ont suggéré : la grisaille du visage (teint vieilli), la barbe blanche, les yeux exorbités…. Le personnage s’accroche à son fauteuil dans lequel il semble avachi, il a l’air d’avoir du mal à conserver sa dignité, sa droiture. Ses yeux implorants supplient à la vie de lui laisser encore un peu de temps pour profiter du présent qu’il veut joyeux comme en témoignent les couleurs vives ».

Conclusion

Les titres des textes A et B sont : texte A, « La mort guette » ; texte B, « Un portrait culotté ».
En fin des enquêtes « initiale » et « conjointe », les répondants, à travers leurs propres titres, se sont donc passablement éloignés de ce que les deux légendes ci-dessus désignent comme traits saillants. Dans l’écran précédent, on a pu évaluer les modifications intervenues dans les interprétations entre avant et après la consultation des informations collatérales, et combien les contenus des textes avaient été intégrés de façon extrêmement variable par les uns et les autres, un consensus majoritaire se faisant, en phase finale, autour de l’évocation de la « vieillesse », alors qu’il n’était que très minoritaire à l’ouverture de l’enquête.

L’approche proposée est expérimentale, elle est de type sémiotique pragmatique.

La collaboration des lecteurs-étudiants (58 pour l’Étude « initiale » en phase « d’entrée », dont 31 pour la phase « Après » ; 17 pour l’Étude « conjointe »), d’un niveau universitaire supérieur, a permis l’organisation d’approches susceptibles, par comparaison et croisement, de mettre en relief l’interprétation inégale des composants du tableau de Picasso. Ceci en fonction des individus et en fonction du contexte de production (scénarios, protocoles et conditions d’enquête). Et partant, de montrer combien la production de sens est complexe, donc relative. L’interprétation est un processus dynamique dans lequel s’enchaînent à l’infini des significations déjà existantes et d’autres en devenir.

Apport de la méthode
Les lecteurs ou visiteurs, en relativisant les catégories et références qu’ils mettent en jeu dans une activité d’interprétance, auront ainsi pu comparer, compléter et exploiter eux-mêmes ; à leur manière, les informations collatérales livrées par les parcours offerts. Et, par ces « mariages avec la pensée d’autrui » (Peirce), ont eu la possibilité de réorganiser leur propre interprétation, de la construire autrement, en fonction de leur biographie, de leurs savoirs et des points de vue qu’ils se seront forgés confrontés à ceux défendus par les uns et les autres.
L’acte de partage est, ici, certes, inachevé, puisque l’enquête se poursuit « en ligne », mais la question décisive de l’acte et du processus interprétatif est de la sorte posée.

Maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UFR des arts plastiques et sciences de l’art), co-conceptrice et co-réalisatrice des Nocturnes-Jeunes Louvre Gratuites (ex JOP actuelles) au Musée du Louvre.
Voir la publication de la Sorbonne

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